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Photo du rédacteurAnne-Sophie Ketterer

Un village pas comme les autres

Il y a maintenant quelques mois, j’ai visité un village pas comme les autres ! Peut-être certains d’entre vous connaissent cet endroit atypique. Vous y êtes allé pour vous débarrasser de votre vieille télé, ou vous avez peut être vu le film I Feel Good avec Jean Dujardin et Yolande Moreau entre autres personnages hauts en couleur ! Il s’agit du village Emmaüs à Lescar près de Pau.


Une utopie de presque 40 ans !

L’aventure est née en 1982, lorsque Germain, le fondateur, cherche à créer un atelier textile avec des personnes en difficultés et comme mots d’ordre : l’accueil, la solidarité et le travail. Après quelques années de recherches d’un terrain pour s’implanter, la communauté s’installe au rond point de l’autoroute.. qui deviendra.. Le rond-point d’Emmaüs. Près de 40 ans après, le village compte une centaine de compagnons qui vivent et travaillent ensemble. C’est un acteur majeur de l’insertion et surtout du recyclage et du réemploi sur la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées.


Si au départ, la communauté rassemblait 15 personnes, elle a su s’ouvrir, se nourrir des rencontres avec d’autres acteurs, locaux, nationaux voire internationaux pour se transformer en village aux multiples activités. Aujourd’hui, au village Emmaüs, vous pouvez y venir pour chiner des objets rares, déposer vos vieux meubles et vieux vêtements, manger une crêpe, découvrir des produits locaux à déguster sur place au Pachamama ou à emporter chez soi ou encore.. visiter la ferme.


Au village, chaque maison de compagnon est atypique !

Les activités du village

Le village est aujourd’hui la plus grande déchetterie du département des Pyrénées Atlantiques. Chaque jour, entre 4 et 6 camions tournent pour collecter nos rebus auxquels il faut ajouter le flux de particuliers qui est monté jusqu’à 500 voitures par jour. Impossible de se passer d’Emmaüs sur le territoire pour traiter et valoriser nos déchets. Ici, les vieux meubles que l’on dédaigne reprennent vie et sont recherchés par les brocanteurs et les badauds. Nos vêtements sont triés : les plus abîmés partiront pour être transformés en matériau d’isolation, les autres seront lavés, repassés, remis en vente entre 50 centimes et quelques euros. Un peu plus loin, c’est à nos innombrables objets électroniques que les compagnons redonnent vie : parfois, un simple nettoyage de l’appareil permet de le remettre en marche, souvent, il faut démonter, changer puis tester.. Remis à la vente, nos télés, téléphones, ordinateurs, chaînes hi-fi sont garantis 3 ans. Les livres abandonnés, non revendus pourront également servir à la fabrication de ouate de cellulose dans les Landes chez Ouatéco. La ferme est une activité qui se développe de plus en plus avec pour objectif : l’autonomie alimentaire du village qui produit déjà la farine pour son pain


Impressionnant stock de chaises à rénover...


Ainsi, tout reprend vie au village Emmaüs et chaque objet a le droit à une seconde chance. Comme pour les compagnons. En arrivant au village, un compagnon est logé nourri, blanchi. Au bout d’un an il touchera un pécule de 500 euros par mois en plus. Si parmi les compagnons, on ne trouve pas la compétence nécessaire au développement d’une activité, l’association peut recruter des salariés. On peut également être bénévole ou volontaire pour découvrir l’organisation, la vie dans la communauté.


Atelier de travail et de stockage pour les appareils électroniques !


Mais qui dit village dit aussi fête ! Et si un jour vous êtes venu au village c’était peut être pour voir le chanteur M ou Tryo. Les festivals de musique, les rencontres culturelles, les conférences ont nourri le projet de départ et lui ont aussi donné un engagement politique avec la venue par exemple du président Bolivien Evo Morales.


Désobéissance et autonomie

En 2020, le village a demandé pour la première fois une autorisation de construire pour agrandir son épicerie. En 40 ans d’activité.. Aucune autre construction n’avait fait l’objet d’une demande de permis de construire. Un droit à la désobéissance revendiqué par l’association. Force est de constater, qu’ Emmaüs a su s’imposer et se rendre indispensable dans la région de par son activité de traitement des déchets avec jusqu’à 2000 visiteurs par jour au village et 150 personnes y travaillant.. Le village est complètement autonome financièrement ce qui lui garantit une indépendance et une liberté d’actions.


Je parle souvent d’utopies dans ce blog.. J’ai rencontré de nombreux semeurs du changement qui ont eu l’envie de répondre à un problème de société et qui suivent cette intuition en construisant pas à pas une alternative crédible...Visiter le village d’Emmaüs vous donnera la possibilité de toucher du doigt une utopie qui a de la bouteille ! Une expérience intéressante qui peut nous donner à la fois espoir et matière à réflexion.



 

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